Inventaires et catalogues, une longue histoire. L'exemple des manuscrits orientaux de la Bibliothèque nationale de France

TitreInventaires et catalogues, une longue histoire. L'exemple des manuscrits orientaux de la Bibliothèque nationale de France
Publication TypeArticle de revue
Année de Publication2002
AuthorsAnnie Berthier
PériodiqueRevue des mondes musulmans et de la Méditerranée
Numéro99-100
Pagination17–32
Date de publication2002/11
Résumé

La constitution des fonds orientaux de la BNF et leur traitement s'inscrivent dans un mouvement commencé dès le XVIe siècle. Ils reflètent une évolution de la conception du monde propre à l'Occident, et de nouvelles façons de se l'approprier. Dès le début du XVIIe siècle, l'ouverture aux littératures et aux connaissances scientifiques d'autres pays et d'autres cultures se manifeste par la collecte de livres orientaux qui, d'abord aléatoire, devient de plus en plus précise et exigeante. Dans l'Encyclopédie, d'Alembert cite l'étude des langues comme l'une des composantes essentielles de la connaissance. Au XVIIIe siècle, le comte de Volney pose la question de la translittération des langues orientales et de la typographie en caractères originaux. À la fin du XVIIIe et au XIXe siècle commence la période de l'érudition : pour étudier ces livres, de nouveaux instruments d'analyse — dictionnaires, grammaires, traductions — sont élaborés. Dans les bibliothèques, le passage du simple inventaire aux catalogues, de plus en plus détaillés, reflète aussi une évolution du regard sur le monde, regard qui se fait de plus en plus précis et analytique, cherchant à observer « même ce qui ne tombe pas sous les sens », tout ce qui se mesure et se compte.

The composition and organisation of the Middle Eastern collection in the National Library of France (BNF) goes back to the 16th century. From the beginning of the 17th century, an interest in literature and scientific knowledge from other countries and cultures is expressed by the acquisition of Middle Eastern books; this acquisition is random at first but then becomes increasingly focused and rigorous. In the Encyclopaedia, D'Alembert cites the study of languages as one of the essential components of knowledge. In the 18* century, Volney considers the question of the transliteration of Middle Eastern languages as well as their typography in the original letters. But the real period of erudition begins at the end of the 18th century and continues into the 19th: in order to study these books, new instruments of analysis are developed such as dictionaries, grammar books and translations. This is also seen in libraries which held works on the Middle East: instead of simply drawing up inventories, increasingly detailed catalogues were written. This reflects a change in the outlook on the world, an outlook which becomes more and more precise and analytic and one which seeks to observe «everything which does not fall under the category of sense», in other words, everything which can be measured and counted.

URLhttp://remmm.revues.org/1171